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EGAlim vue par OPLGO

Le nouveau président OPLGO tient à s’inscrire dans la continuité du travail accompli par une équipe motivée, soudée, au sein d’une OP atypique car économique, assyndicale et en lien avec un territoire.

Frédéric Epineau prévient : « Il a souvent été reproché à OPLGO de ne pas faire unité avec d’autres OP : si l’union fait la force elle doit se construire sur un projet partagé dans l’intérêt des producteurs et non dictés par des enjeux politico-syndicaux. Une ligne qui permet à OPLGO de refuser l’inacceptable. Notre ambition : redonner du sens à un projet agricole dans lequel l’éleveur serait au centre d’un projet de société. »

Ayant suivi les EGA avec intérêt, OPLGO se réfère au discours de Rungis comme beaucoup d’agricultrices et d’agriculteurs. Les EGA ont révélé plusieurs choses :

  • Les consommateurs sont attachés au « made in France » et aux producteurs, même si nous en mesurons les limites
  • Les producteurs sont reconnus comme le maillon faible de filières qu’ils ont contribué à rendre performantes et auxquels la valeur ajoutée a échappée.

La loi EGAlim, dont l’objectif était de rééquilibrer les relations commerciales afin d’améliorer le revenu des agriculteurs et d’assurer l’autonomie alimentaire a donné des outils mais n’a pas levé les freins.

Force est de constater que :

  • L’inversement de la construction du prix en cascade a été gommé par une guerre de la communication sur l’affichage du prix payé au producteur dans les négociations commerciales et auprès des consommateurs.
  • La prise en compte des coûts de production n’est pas effective sur le terrain ; la formule de fixation du prix voit régulièrement l’évolution des coûts de production minimisée, voire bloquée.
  • La réussite avérée des groupes français à l’international qui entretiennent cependant une image de marchés à l’export à faible valeur ajoutée.
  • Le SRP de 10% (seuil de revente à perte) a apporté de la valeur ajoutée à la GMS soit 900 millions d’euros/an depuis 2 ans ; en 2019, les industriels ont aussi bénéficié de hausses suite aux EGA à hauteur de 220 millions d’€, censés revenir aux producteurs

Rendre le prix déterminable c’est accepter une certaine transparence dans un esprit de partenariat de l’entreprise avec ses OP. Le manque de compétitivité par rapport à nos partenaires européens ne peut pas être supporté par la seule optimisation, au risque de la saturer, de la productivité du travail des éleveurs.

EGAlim a apporté divers outils dont la médiation en cas de désaccord entre vendeurs et acheteurs. Pour les utiliser, OPLGO s’entoure de conseils (avocats, experts, juristes, politiques…), mais la loi, du fait de ses interprétations possibles, ne suffit plus aujourd’hui à considérer les OP comme des acteurs économiques. C’est pourquoi, OPLGO est active au sein de France OP lait dont la mission est de défendre, de promouvoir et de représenter les OP laitières en France et en Europe.

Jusqu’alors, les industriels ont mis la production en anonymat, au point de voir la situation économique et sociale des exploitations laitières se dégrader depuis 2016. Pour preuve, la moyenne du prix du lait conventionnel payé aux producteurs sur les 5 dernières années est d’environ 313€ /1000 litres à 38/32. Entre 2019 et 2020, c’est une perte de 5€/1000 litres en prix de base, considérant que la qualité relève de la seule compétence des producteurs.

Face aux enjeux sociétaux tels que la préservation de l’environnement, le renouvellement des générations, le bien-être animal, une alimentation saine et de qualité, le tout libéral n’aura plus de sens.

Les producteurs doivent se saisir de ces enjeux afin de capter la valeur ajoutée qu’ils génèrent ; reconnaitre que notre lait est riche de notre travail, sans laisser les transformateurs et les GMS bénéficier seuls de notre image et de notre savoir-faire.

Dans un tel contexte, plusieurs orientations sont possibles pour les producteurs : subir le système actuel qui les dépossède de leurs outils, de leurs compétences, de leur capital, ou provoquer le changement par l’organisation collective. Ce n’est pas de l’utopie que de faire preuve de pragmatisme et de vouloir changer le système laitier français actuel : il en va de l’avenir de sa production laitière.

Au centre sur la photo Frédéric Epineau (44 ans) est producteur de lait à Berd’huis (61)

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