ActualitésLe lait en France

La laiterie Saint-Père prépare l’après-quotas (Ouest-France)

Dans un an, c’est la fin des quotas laitiers. La laiterie du groupe Intermarché va accroître sa production auprès de ses 500 fournisseurs implantés principalement en Loire-Atlantique, Morbihan, Vendée.

L’industrie laitière française est en ébullition. La fin des quotas laitiers est programmée pour le 1er avril 2015. Cet outil de régulation du marché du lait existe en Europe depuis 1984 ! Sa suppression inquiète les éleveurs.

À Saint-Père-en-Retz, en Loire-Atlantique, la laiterie Saint-Père propose aux 500 producteurs de lait qui travaillent avec elle de produire davantage. « Nous aurons besoin de lait ! », martèle René Grelaud, directeur de la laiterie. Ces cinq prochaines années, l’usine du groupe des Mousquetaires (Intermarché) passera de 180 à 230 millions de litres de lait UHT par an. La laiterie est même prête à accompagner les producteurs qui souhaitent se développer (prix majorés, aides à l’investissement…), soit la moitié d’entre eux.

Crèmes desserts et lait UHT

En augmentant sa capacité de production, l’usine donne à ses producteurs une « visibilité » rassurante. Et il y a encore du potentiel de croissance, note René Grelaud : « D’ici cinq ans, nous produirons 60 % des besoins en lait UHT d’Intermarché. Il nous reste donc un matelas de 40 %. »

Cette croissance est portée par une double stratégie. L’innovation dans les desserts lactés tout d’abord. Chaque année, sous la marque Pâturages, la laiterie sort de cinq à sept nouveautés, comme la crème à la guimauve. La croissance s’appuie aussi sur le développement du lait UHT. « La demande mondiale est très forte, notamment en Chine, en Inde. Elle est tirée par l’évolution de la population et l’élévation du niveau de vie. Et l’offre suit à peine cette demande. »

La fin des quotas laitiers change la donne dans la relation entre les industriels et les producteurs. « On passe d’une gestion administrative, où ça se décidait à Bruxelles, à une gestion privatisée où les industriels fixeront leurs besoins de production », résume le directeur. Pour les y préparer, il a invité les 500 producteurs à des portes ouvertes, en mars. Ceux-ci viennent de créer une association. En copilote, elle travaillera notamment sur la répartition des volumes supplémentaires à produire.

À quel prix ?

« 50 millions de litres de lait en plus, mais à quel prix », ont questionné les producteurs. Aujourd’hui, la tonne de lait est à 365 €. Elle était à 340 € en 2013, 315 € en 2012. « On appliquera le prix du marché, annonce René Grelaud. Nous sommes parmi les laiteries qui paient le mieux. Sur 20 ans, il y aura une dynamique de croissance, c’est sûr. Mais il y aura des crises, des hauts et des bas. »

La laiterie poursuit son développement accéléré depuis 2010. Ces dernières années, elle s’est lancée dans l’export (lait UHT en Chine, crèmes desserts en Afrique), la restauration hors foyer et la fabrication de desserts de la marque Auchan. Elle accompagne aussi le développement du bio.

En 2014-2015, la laiterie va investir plus de 20 millions d’euros pour agrandir ses bâtiments et mettre en place une nouvelle ligne de production. « À ce jour, les lignes sont saturées. » Depuis trois ans, l’usine ne s’est pas arrêtée de tourner, jour et nuit, 365 jours par an.